« Depuis le temps que je patiente dans cette chambre noire… » beaucoup sauront en retrouver les paroles. D’ordinaire, les chambres noires font plutôt mon affaire! Je les aime, les mignonnes, l’odeur d’un vieux révélateur l’ambiance de mon apprentissage, les plaisir d’une image en devenir… Hors ici, l’on cherche une autre page, l’image d’une chambre morne et froide, sans lumière… Curieux n’est-ce pas, car à d’autres idées, on pourrait croire qu’il s’agit du ventre de sa mère?!… Oui, et bien venons-en au fait, donc…

Patienter… Je patiente. Ma patience de « faire » qui repousse ces limites (surtout quand les enfants s’y promènent). Ma patience de « verre » au bord du précipice (parfois quand la table est trop pleine). Ma patience qui se liquéfie quand on s’attaque aux membres que j’aime. La patience aussi a ses formes diverses. La mienne oscille ces jours, fragile, tangente, nerveuse. Mon être a besoin de certitudes absentes. De contraintes abolies. De chemins lumineux. Bref, de choses qui évoluent. Passée, la période des êtres qui nous déçoivent; les gens sont ce qu’ils veulent ou peuvent, après  nous sommes libres de prendre ou de laisser leurs mains, en chemin. Pour les personnes emphatiques, il faut à peine plus d’efforts pour « laisser ».

En ce qui concerne le monde, par contre, j’atteins parfois des difficultés à passer outre le fait d’un manque: manque de travail, manque d’argent, manque de santé, manque d’amour, manque de temps, etc… Le manque est un sujet qui peut me faire perdre patience. Chercher des issues sans en trouver peut donner libre cours à de grands débats intérieurs, voir des détresses profondes. Dans ces moments-là, j’en reviens à un fait; il faut parfois accepter que nous avons besoin d’aide, accepter que nous ne sommes pas fait pour vivre reclus et seuls, accepter de confier nos problèmes. La fierté, sans doute, la peur des pensées de l’autre peut-être… L’égo, somme toute, nous donne bien du fil à retordre dans ce genre de retranchements. Trouver la faille au narcissisme pour partager son coeur?!… Difficile d’offrir son âme, sans en avoir peur; avec toutes ses craintes, ses doutes, ses faux-airs, ses doubles-faces, ses contrefaits qui se mettent en lumière.

J’ai ouvert la boîte de Pandore, la jarre des profondeurs et voilà que je ne sais plus rien contenir de moi. Il faut, donc, oser partager l’âme. Pourtant j’ai, alors, l’impression sordide, cynique, douloureuse et surtout inutile, de ne plus rien contrôler, surtout quand une part du monde me fait perdre patience. Dans cette idée, il faut, je pense, trouver les forces pour ne pas refermer l’être… Pour continuer à semer de nous dans le coeur de ceux qu’on aime; nos tâches ne sont que des moyens pour eux de comprendre qu’aucun de nous n’est parfait. Je ne suis pas encore au bout de mes peines. C’est l’ombre et la lumière. Mais j’ai cette certitude: ce qui m’attend dans les fissures de mes murs personnels est la liberté d’être, inconditionnelle. Les murailles nous protègent des dangers, elles ne devraient pas rester closes à nos alliés.

Enfin… Vous voyez ce que je veux dire?…